Chapitre 7

 

Nous nous trouvions dans une salle de thérapie aux stores baissés. Les cris provenaient de la pièce voisine. En me servant de mes pouvoirs d’Aspicio, je fis apparaître un judas dans le mur et regardai à travers. Kristof se hissa sur le bureau pour attendre, car il savait seulement que je pouvais voir à travers les trous que je créais.

Trois personnes étaient assises dans la pièce voisine. L’aînée était une femme approchant de la soixantaine, assise derrière un bureau d’acier. Elle portait un caftan multicolore, d’énormes créoles et un pendentif représentant un éléphant de bois très laid qui se glissait la trompe en premier entre ses seins. L’éléphant paraissait effrayé. Je ne pouvais pas le lui reprocher.

La femme s’appuyait contre le dossier de sa chaise et écrivait dans un petit carnet. Au-dessus de sa tête, une immense affiche hurlait : VOUS ÊTES LE CAPITAINE DE VOTRE PROPRE NAVIRE. La photo était le fameux cliché de Leo et Kate bras tendus sur la proue dans Titanic. Collez-moi une heure par semaine devant cette affiche et même moi je serais prête à m’engager.

Un homme et une femme, approchant tous deux de la trentaine, vêtus d’un jean et d’un sweat-shirt, étaient assis en face de la psy. La femme avait ramené une jambe sous elle pour s’installer confortablement. Son voisin était tellement tendu qu’il paraissait flotter au-dessus de son siège, prêt à bondir à la moindre provocation.

— Non, elle est juste ici ! dit le jeune homme. Pourquoi vous ne la voyez pas ?

— Dites-moi ce que vous voyez, vous, demanda la psy.

— Mais je vous l’ai dit ! s’écria l’homme. Je n’arrête pas de vous le répéter et…

— Barton, dit la femme. Vous vous rappelez ce qu’on dit ? La colère n’a pas de place dans notre maison. Comme les ordures, il faut la sortir sur le trottoir.

— Non mais quel ramassis de conneries, lança la femme plus jeune qui bâilla en étirant les jambes. Dis-lui que c’est une salope. Une connasse de vieille vache aveugle.

— Vous êtes aveugle, dit-il à la psy. Si vous ne la voyez pas assise là…

— Punaise, mais Bart, arrête de faire ta chochotte. C’est une salope. Dis-le-lui en face.

— Non !

— Oui, Barton ? demanda la psy. Qu’est-ce qu’elle vous dit ?

Barton serra les dents et secoua la tête. La jeune femme se pencha pour lui chuchoter à l’oreille. Il tenta de la repousser comme une mouche mais sa main lui traversa le visage.

— Vas-y, dis-lui, insista le fantôme à l’intention de Barton. Ou encore mieux, balance-lui ton poing dans la figure. Casse-lui sa sale gueule prétentieuse. Alors ça, ce serait une vraie thérapie.

Barton se redressa d’un bond et balança un coup de poing… au fantôme. Quand son poing la traversa, il leva les mains au ciel et hurla. Puis il s’arrêta et se retourna lentement vers la psy qui griffonnait furieusement. Le fantôme se tordit de rire.

Je serrai les poings et m’adressai à Kristof.

— Je peux la baffer ? Juste une fois…

— Oh, on va faire bien mieux que ça, répondit-il. Mais d’abord, on doit trouver les autres.

 

Cette fois encore, les fantômes se trahirent, non pas parce qu’ils faisaient hurler les patients mais parce qu’ils en discutaient tranquillement entre eux. On ignore pourquoi certains patients des hôpitaux psychiatriques voient les fantômes. Peut-être que la maladie mentale abolit la limite entre le possible et l’impossible, si bien que le cerveau des malades mentaux, comme celui des enfants ou des animaux, ne s’empresse pas toujours de rectifier leurs perceptions. À moins que ces gens possèdent du sang de nécro, mais que leurs familles se soient éloignées de la communauté surnaturelle. Quand ils avaient commencé à entendre des voix et à voir des apparitions, leur entourage avait donc supposé que le problème était d’ordre psychologique.

Lorsqu’on tomba sur un groupe de quatre personnes en train de raconter comment elles avaient poussé un patient à pisser dans son froc, on sut qu’on avait trouvé nos hanteurs. Ou alors le premier hôpital psy dont le personnel appartenait à l’Institut national des sadiques.

— Non, non, non ! s’écria un homme âgé arborant une barbe blanche comme neige à la Van Dyck. On a fait mieux que ça. Ted, tu te rappelles Bruce ? Celui que tu as convaincu qu’il pouvait voler ?

— Ah ça oui, gloussa un fantôme adossé à mon mur.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda une adolescente rondelette.

Ted se déplaça pour mieux faire face à son public et je reconnus mon comptable sans tête. Je reculai et fis signe à Kristof que j’avais trouvé notre fantôme. Il hocha la tête et je revins à mon judas.

— … carrément envolé du toit. (Ted riait si fort qu’il arrivait à peine à prononcer ces mots.) Comme Superman. Sauf qu’il s’est vite aperçu qu’il ne savait pas voler. Il a atterri pile sur la Jaguar de Peterman. Si brutalement que toutes ses dents ont jailli comme des dragées de chewing-gum sous l’impact. Peterman a passé des semaines à les ramasser sur ses sièges. Ça lui apprendra à laisser la capote rabattue.

Les hanteurs éclatèrent de rire.

Le vieil homme agita de nouveau les bras comme un oiseau qui tente de s’envoler.

— Le meilleur moment, c’est quand ce crétin atterrit sur le toit. Pendant une seconde, il reste étendu là, en train d’agoniser. Ensuite son esprit commence à se détacher. Il regarde autour de lui avec le sourire le plus radieux que j’aie jamais vu, ensuite il se met à danser la gigue sur le toit de la Jaguar en braillant : « J’ai réussi, j’ai réussi, je sais voler ! » Et ensuite…

Ted vint se placer devant le vieil homme.

— Ensuite, il baisse les yeux et là, sous ses pieds, il voit un cadavre. Son cadavre. Il s’arrête – il se fige –, il baisse les yeux et il dit « Ah ».

— Exactement comme ça, s’étrangla le vieil homme. « Ah. »

Je me tournai vers Kristof.

— Nouveau tabassage en règle ? murmura-t-il.

— Ce serait encore trop gentil. Tu crois que je peux leur arracher les intestins et en faire des cordes pour une harpe ?

— Tu peux toujours essayer. Ou sinon…

Il inclina la tête en direction du mur mince comme du papier.

— … c’est les meilleurs, dit quelqu’un avec un soupir. Il n’y a pas eu un nouveau qui en vaille la peine depuis des semaines.

J’échangeai un regard avec Kristof, puis un sourire.

On trouva une pièce vide, un peu plus loin dans le couloir, où l’on pouvait parler sans être entendus par les hanteurs.

Je me perchai sur le lit.

— Donc, l’un de nous va jouer le rôle du patient, et l’autre sera soit une infirmière…

— D’abord j’ai besoin que tu te mettes en uniforme d’infirmière.

— Je ne crois pas avoir vu d’infirmières en arrivant. Je vais aller voir quel genre de tenues…

Tandis que je me laissais glisser au bas du lit, il tendit la main pour m’arrêter.

— Je crois que je peux m’en charger, dit-il. Tu veux bien ?

Retirer les vêtements des femmes doit être l’idée que la plupart des adolescents de sexe masculin se font du paradis, mais les fantômes ne peuvent le faire qu’à condition d’obtenir la permission tacite de l’autre partie. Je fermai les yeux et me concentrai pour le laisser me changer mes habits.

— Voilà, dit-il.

Je baissai les yeux et vis mes seins me retourner mon regard. Enfin, juste le haut, fourrés dans une chemise blanche au décolleté si profond qu’ils risquaient d’en jaillir au moindre soupir. Je portais une robe d’infirmière hypermoulante qui couvrait à peine mes fesses. Parlez de fantasmes adolescents…

Je jetai un regard mauvais à Kris, qui souriait comme un gosse de treize ans.

— Ben quoi, dit-il, c’est un uniforme d’infirmière.

— Ouais… tout droit sorti d’un porno.

Son sourire s’élargit.

— Je le trouve très bien.

Tandis que je soupirais, il s’approcha et glissa le doigt le long de l’ourlet de ma robe, faisant onduler le tissu de sorte qu’il me chatouillait les cuisses.

— Tu te rappelles la dernière fois que tu as joué les infirmières pour moi ? murmura-t-il. Je travaillais au bureau de New York et tu es venue passer le week-end. On était censés se voir pour dîner, mais tu m’as passé un coup de fil…

— Je me rappelle, dis-je en reculant précipitamment. Donc, il nous faut un plan…

— Ah ça, tu en avais un cette fois-là. (Il s’approcha de moi autant qu’il le pouvait sans me toucher.) Je partais en réunion quand tu m’as appelé pour me dire : « Je ne peux pas attendre jusqu’à ce soir, Kris. »

J’ouvris la bouche pour répondre – pour répondre n’importe quoi – mais son regard croisa le mien, ma voix mourut et je me retrouvai plantée là, lèvres entrouvertes, visage penché vers le sien.

Il poursuivit :

— Tu m’as dit que j’avais une sale voix et tu m’as suggéré de passer à la chambre d’hôtel pour que tu puisses jouer les infirmières. Ce que tu as fait. Très efficacement. Tu m’as commandé de me mettre au lit… Et quand tu en as fini, je n’aurais plus été capable d’en sortir même si je l’avais voulu. (Il sourit lentement.) Toi non plus, évidemment.

Parfois, je remercie Dieu pour les caractéristiques propres aux fantômes. Pas besoin de s’inquiéter d’avoir le cœur qui bat, les paumes moites ou le souffle court. Il me suffisait de garder les yeux baissés, et il ne saurait jamais à quel point j’avais envie de dire « Oh et puis merde » et de franchir les cinquante millimètres qui nous séparaient.

Ses lèvres approchèrent de mon oreille.

— Je me rappelle chaque seconde de cet après-midi-là, Eve. Je me le suis si souvent repassé… au lit, sous la douche, même dans la voiture, une fois, pendant un embouteillage… J’étais assis au volant, j’ai vu une pub pour l’hôtel où nous avions pris une chambre et d’un seul coup… (Gloussement de rire.) J’ai trouvé comment rendre l’attente nettement plus supportable.

Je reculai si vite que je traversai carrément le mur. Kristof me saisit le bras pour me rattraper mais je l’esquivai.

Je me redressai et le fusillai du regard.

— Punaise, mais ce que tu peux être…

Sourire furtif.

— Incorrigible ?

— Oh, ce n’était pas le mot que j’avais en tête.

— Pourtant il me plaît bien. Nettement plus que « désespéré ». Ou « excité ». Ou « désespérément excité ».

— Arghh ! (Avec un clin d’œil, je remis mon jean.) Voilà, c’est mieux comme ça ?

Il prit ma main et l’appuya contre son entrejambe.

— Non, aucun changement. Je t’ai déjà dit à quel point ton cul est magnifique dans ce… ?

— Si tu fais ça, tu vas te prendre une décharge électrique.

— Hmmm.

— N’essaie même pas.

— Je n’en ai pas l’intention. Je me demande juste si je dois courir le risque d’ouvrir ma braguette ou te laisser continuer comme ça.

— Comme quoi ? (Je suivis son regard baissé et vis ma main toujours appuyée contre son entrejambe.) Mais c’est pas vrai !

— Je suppose que ça veut dire que je dois laisser ma braguette fermée ?

Je m’abstins de répliquer et choisis de traverser la pièce pour laisser le temps à mon cerveau de s’extirper de cette brume de désir.

— Il me faut un vrai uniforme d’infirmière.

— Non, tu vas jouer la patiente.

— Mais tu m’as dit…

— J’ai dit que j’avais besoin, moi, de t’habiller en infirmière. Je n’ai jamais dit que ça faisait partie du plan.

Je roulai des yeux et ravalai un éclat de rire.

— D’accord, raconte-moi ce que tu avais en tête.

J’allais incarner la patiente – un déguisement plus efficace puisque deux des hanteurs m’avaient déjà vue. Pull informe, vêtements tachés, cheveux gras et emmêlés, yeux rouges et creusés – le look de quelqu’un pour qui l’hygiène personnelle a cessé d’être une priorité depuis longtemps. Quand l’illusion fut prête, Kristof fit apparaître un fauteuil roulant et l’on rejoignit les hanteurs.

Femmes De L'autremonde, Tome 5
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